dimanche 8 juillet 2012

Crime & Réglement


Cette histoire prend place dans une école. Non pas l'une de celles où les élèves ont des fusils d'assaut dans leur sac de sport non, plutôt une maternelle. Cependant, ne vous laissez pas bercer par l'aspect poupin de ses bambins, ils peuvent être bien plus dangereux.
En voici la preuve...



ooooooooooooooooooooooooooooooooo


-Je vous assure Monsieur le directeur : DE SES MAINS ! S'emballa l'enseignante avec une hystérie digne des meilleurs bouilloires. Elle posa un dessin avec force sur le bureau et s'en éloigna comme si celui-ci aurait pu lui rendre la pareille.

Le Directeur attrapa la feuille colorée avec gravité, l'approcha de ses yeux vitrés par des doubles foyer avant de la lâcher sous le dégoût.
-Vous reconnaissez les traits de votre enfant ?
-Et bien, répondit le père gêné en examinant à son tour le vélin du crime, il s'agit d'un dessin d'enfant alors...
-MONsieur... il ne s'agit pas d'un DESSIN d'ENFANT. Dans le dos du directeur l'enseignante répéta les deux mots comme un mantra maudit. Ce qui se passe ici est très grave. Ne le prenez pas tant à la légère. Ne souriez pas monsieur. Ne souriez pas.

-Enfin...
-Il n'y a pas d' « enfin ». Le monde n'a pas survécu par des « enfin ». Là où vous voyez un innocent gribouillis, nous voyons le début d'un traumatisme grave. Un traumatisme dont vous êtes sûrement la source.
-Mais...
-Pas de « mais ». Rien. Madame Schtrude appelez les services à l'enfance immédiatement.


ooooooooooooooooooooooooooooooooo

-La pièce à conviction n°1 est bien pris en compte par la cour.
-Objection madame le juge hurla l'avocat provoquant l'émoi de la foule et la réprobation des centaines de milliers de spectateurs regardant la diffusion du procès.
-Vous ne pouvez objecter contre une preuve formelle et encore moins contre la cour maître, asséna la vielle juge dont les cheveux blancs tressautaient aux même rythme que son marteau. Le calme revint dans la salle.

-Si, je le peux répliqua l'avocat au sourire chatoyant sous les flashs. Si l'orange de cet enfant est bleu, c'est que... la foule se suspendit à ses lèvres... c'est que plus aucune autre couleur n'était disponible. J'ai dans cette enveloppe l'inventaire exacte des tubes de peinture. Des « ho » se soulevèrent dans la salle suivant la pochette en papier craft
-Merci maître. Cette pièce va être versé au dossier. Blam blam fit encore le marteau. Messieurs les journalistes, un peu de décence ; nous traitons ici d'un grave cas de démence infantile. Témoin suivant. Vous êtes ?

-Bonjour madame le juge. Je suis le commissaire Liabes en charge des affaires auprès de la petite enfance.
-Bien. Vous vouliez nous lire la déposition de la petite voyons, la magistrate rajusta ses lorgnons, la petite Élisabeth. Nous vous écoutons.
-Merci madame le juge. Tiré à quatre épingles, le commissaire sortit de sa veste au motif rappelant ceux de Calder, une feuille de papier. Il la déplia. A la question « pourquoi avoir dessiné une orange bleue ? ». La prévenue répondit « Parce que c'était jolie ». La salle tangua. Des chants religieux jaillirent spontanément de ses 4 coins pour la protéger du mauvais sort.
-Calmez-vous, calmez-vous ! Ou je poursuis cette séance à huis clos. Ce sera tout commissaire, votre témoignage est assez accablant. Maître... des questions ?
-Non madame le juge répondit l'avocat . Son sourire était autant froissé que son enveloppe qu'il ne cessait de tripoter nerveusement. 

-Témoin suivant !
-Madame Henleïre, spécialiste du comportement chez les jeunes impubère.
-Allez-y.
-Et bien comme je l'exprime dans mon livre, que voici, cette capacité de l'enfant à imaginer les images de sa dimension physique sous un autre angle que la réalité, une sorte d'alter réalité pour vulgariser, démontre un problème cognitif majeur dans l'être du patient, que celui-ci soit de son moi ou de son surmoi, temporel ou intemporel, et engendre à chaque acte une poussée de son mal être, engendré par son contexte psycho-social, son expérience intérieure et/ou son milieu psycho-éducatif, cette fracture égo-individuel trouve alors son exutoire dans la représentation de ses failles.

...

-Madame Henleïre, je crois que vous avez trop détaillé votre analyse. En effet, une partie de la foule, bouche bée, semblait ne même plus savoir comment appeler son nez.
-Environnement pas solution. Environnement problème. Enfant devenir fou.
La foule salua la savante explication par un « Ha » entendu et applaudi la scientifique lorsqu'elle posa à côté de son unique ouvrage de référence sous le crépitement de la curiosité journalistique.

Les coups de marteaux du juge se perdirent dans le brouhaha et, comme tous les gens honnêtes, les spectateurs connurent la conclusion du procès après une page de pub.


ooooooooooooooooooooooooooooooooo

-Tu vois Élisabeth. Prends en une autre. Les oranges sont oranges, pas bleus. Oranges. La directrice du centre de recentrage de l'être sur la véracité authentique du présent sourit aux mots du papa. Avec condescendance, elle recula de quelques pas, laissant à la petite famille autant d'intimité que pouvait en apporter un parloir bondé. 

-Je sais bien papa qu'elles sont orange papa.
-Enfin Élisabeth, alors pourquoi n'en as-tu pas parlé lors de ton évaluation ? Tu sais que la prochaine n'est que dans 2 ans.
-Je sais papa, Maman pleure moins.
-Je... Tu le verra par toi même quand elle viendra te voir. Nous... nous avons pris de la distance. Alors que leur as-tu dis lors de ton évaluation?

-La vérité...
-Voilà, c'est ça. Il faut toujours dire la vérité !!

-... je leur ai dis « à quoi ça sert la liberté si on ne peut pas rêver ? »




 https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6m_4ePMdGqOKzRE-IsU4narUoP4C3NhL2_HpcjMfOnMp7ZeuogrFeoL3FxyP_yAJhfWXCrJwYU6oBGvtb4mixgxGrjTwv0uWoteVt7xkfZTzKqa8ezzxUImSN-YSnMoLCw3GPGbmnMjg/s1600/dessin_enfant_etude-Bade-Wu.jpg



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laisser une petite bafouille, cela fait toujours plaisir !!