dimanche 18 décembre 2011

Ma liste de noël pour un monde plus drôle

Cher Petit Papa Noël,

Voilà bien longtemps que je ne t'ai pas écris. Ils faut dire que des ***** de ***** m'avaient dit que tu étais comme le petit Jésus (non pas en pagne). Heureusement, je t'ai vu dans un reportage sur le consumérisme qu'on passe entre les films. Je t'ai tout de suite reconnu.
Aucun doute.

TU es le seul à pouvoir boire un coca glacé au pôle nord en discutant avec des ours. J'ai aussi vu que tu mangeais des chips, du chocolat, conduisait 3 ou 4 voitures et jouait au loto.
En passant, on voit que ce n'est pas la crise (de foie) pour tout le monde ; mais bon, c'est vrai que tu as un monopole sur la joie.
Cela dit ; excuse moi beaucoup de ne pas avoir cru en toi.

Il y a longtemps, je t'envoyais tous les ans une lettre remplie de demande.
Ayant grandit (beaucoup) et mûri (un peu), cette année je t'envoie une lettre remplie de demande... mais pour tous les hommes et les femmes de cette planète (enfin presque tous).

Merci de leur accorder autant de bienfait que tu as pu en glisser dans mes petits souliers.




(Il te suffit de cliquer sur les cadeaux, mon papounet de Noël chéri, pour découvrir à qui ils sont destinés)


Un costume de super Euro (celui avec talonnettes et rolex assorties s'il te plait)























































Et s'il te reste de la place dans ta grosse hotte, cher Petit Papa Noël, je veux bien un petit chaton tout mignon mignon, n'ayant presque plus de quoi écrire dans mon crayon.




lundi 12 décembre 2011

Histoire en toque

Monsieur Paul est un gourmet, mais un gourmet bien compliqué. Pour lui, chaque plat manque toujours d’un petit quelque chose.

Dès sa plus tendre enfance, Monsieur Paul démontra un palais digne des plus grands chefs, n’hésitant pas à renvoyer en cuisine petit pots et biberons. Calé sur sa chaise haute, Monsieur Paul savait déjà faire comprendre sa désapprobation d’un regard appuyé, qui bien que poupin n’en commençait pas à être impressionnant. 
 
Plus tard, Monsieur Paul devint la terreur des cantiniers les plus retords, ceux ne voyant la gastronomie que par l’endive étouffée dans son jambon ou la semelle sauce tomate, ne portant le nom de steak haché que pour d’évidentes raisons marketing.
Il prit la tête d’un large mouvement écolier, entamant avec 387 camarades une terrible grève du goûter. Ployant sous les stocks de pâtes de fruit made in china, le proviseur céda et dû, avec l’ensemble de l’équipe enseignante (diététicien et chef de cuisine compris) s’assoir à la table des négociations ; et surtout ingurgiter l’ensemble des plats venant de la cantine la recouvrant. Le changement radical de menu de l’école Henry IV, fut la première victoire de Monsieur Paul.

Celui-ci, continua sa croisade au collège, pourfendant d’une fourchette vengeresse les plats piteux et sans saveur du self Parmentier. L’histoire voudrait que son cuistot, ne voulant pas finir malade comme son collègue d’Henri IV, préféra acheter sur ses deniers les meilleurs produits du marché pendant toute la scolarité de Monsieur Paul. Il s’échina tant et si bien qu’un enquêteur du Gault et Millau, tombé en panne non loin, attribua au self une note de 15 sur 20. Une première dans l’histoire de la cuisine scolaire de masse.
 
Malgré ce nouvel exploit, Monsieur Paul était éternellement insatisfait. Ce petit quelque chose lui échappé toujours. Il commença alors à écrire un livre sur le sujet, gourmandant dogme et tradition. Après sa parution, la renommée de Monsieur Paul dépassa les frontières de son humble Cher. Les émissions de télé et de radios commencèrent à s’intéresser de près à ce jeune homme haut comme 3 pommes bio, luttant pour le goût, envers et contre-tout.
Attiré par une publicité gratuite, les plus grands chefs des plus grands restaurants débarquèrent dans son petit village, arborant sur leur toque immaculée toutes les étoiles qu’ils avaient amassées. Bientôt, chaque rue et chaque jardin du bourg fut remplis de journalistes, de photographes et de caméras, voulant graver sur pellicule ou sur papier ce moment insolite et savoureux. Pour les gens du commun, il était une évidence que Monsieur Paul serait capable de déterminer le meilleur cuisinier du monde, voire, pour certains magazines affamés de sensationnalisme, le meilleur cuisinier de l’Univers. 

Pendant une semaine, la place de l’église bourdonna du labeur des aide-cuisiniers, vibra au rythme des émincés et gronda de la chaleur des fours. Des bouchons gargantuesques de curieux bloquèrent les routes de toute la région, tandis que les meilleurs maraîchers envoyés leur produits les plus frais par camions entiers. Le maire, connu pour son amour de la table, fit dresser un immense chapiteau pour donner à l’affrontement le lustre mérité ; en espérant que celui-ci ajouterait son éclat à sa prochaine campagne électorale.

Quand Monsieur Paul entra dans l'immense chapiteau, une petite cuillère à la main, tout le public retint son souffle. Ils le retinrent encore plus quand il l’approcha du premier plat ; et certains s’évanouirent avant même que le garçon n’eut le temps de le goûter. Ceux-là n’ont de toute façon rien raté. La sentence tomba comme une note trop salé. Le mystérieux ingrédient manquait toujours. Ce fut un coup de hachoir sur les égos des grands chefs et aussi les prémices d’une déculotté pour le ventripotent maire, une large déculotté.

Avec le temps, Monsieur Paul monta son propre guide culinaire ; mais personne ne voulut l’acheter, tous sachant déjà qu’elle serait sa conclusion sur tel ou tel restaurant. L’affaire périclita donc rapidement.
Monsieur Paul se lança alors dans l’import-export et fit venir des épices du monde entier. Malheureusement, il voulait toujours être le premier à les tester et comme il n’en trouvait aucune à son goût, les laisser pourrir sur pied. A force de mauvaises affaires, comme de mauvais plats, Monsieur Paul se retrouva sans le sou. Puis sans vêtement propre. Puis sans toit. Et enfin sans dignité.

Parfois, quelques grouillots le reconnaissaient errant près des restaurants. Ils lui excavaient alors une assiette frugale des cuisines, parfois même un plat chaud, avec un peu de chance aussi un dessert… mais pour Monsieur Paul, cela ne faisait de différence. Tout avait, au mieux, un goût fadasse et quelconque. 
 
L'hiver arriva, avec son manteau blanc et son lit de feuille. Monsieur Paul n'avait ni l'un, ni l'autre, et pour toute maison un maigre carton. Son espoir criait famine, et l'estomac n'était pas en reste. Bientôt seule l'assistance publique eut le courage de venir lui parler. Il n'était plus qu'une mince coquille ballotait par la froidure et les événements.
C'est à ce moment que le destin lui tendit un sandwich. Un banal jambon beurre, amollit par l'humidité de la saison. 
Monsieur Paul mordit dedans
Et il leva des yeux plein d'étonnement. Au bout de la main toujours tendue, il vit une femme entre-deux âges. Elle souriait. Un sourire nacré ré-haussant la gentillesse de son regard.

Depuis ce jour, Monsieur Paul est un autre homme. Un gourmet comblé. Il a découvert ce petit ingrédient, celui qui donne goût à tout : juste un soupçon d'amour.

lundi 5 décembre 2011

Repose en paix

Mes yeux s’ouvrent comme pour la 1ere fois. Tout est sombre. Tout est froid. Tout est silencieux. Tout est trouble.
Mon corps s’envole et quitte sa douce chaleur. L’air est palpable. Cotonneux. J’ai froid. Peut-être peur.

Je n’arrive pas à penser. Je n’arrive pas à parler. Seule la lumière semble m’attirer. Blanche. Intense. Eclatante. Au fond de ce couloir de ténèbres, elle m’attend, elle m’appelle.

Je me retourne. Ma femme est allongée. Si paisible ainsi, extraite des problèmes de la vie. Qui pourrait croire que…

Mais je m’éloigne… Je m’éloigne d’elle. Mes jambes marchent malgré moi ; elles seules semblent connaître le chemin.
Je ne suis plus corps, je ne suis qu’esprit. Un esprit fatigué. Un esprit cherchant un repos bien mérité.

Mon corps las continu son voyage. Chaque pas me rapproche un peu plus de la lumière. Chaque pas me rapproche un peu plus de ce symbole éclatant de repos et d’apaisement.

A chaque pas le froid.
A chaque pas. Ce froid qui ne semble geler que moi.

Le doute m’envahit. Peut-être n’est-il pas trop tard ? Peut-être puis-je encore faire demi-tour ?
Je me retourne vers ma femme. Toujours paisible. Toujours là… belle… semblant assoupie.

Dans mon dos la lumière n’a pas disparu. Il n’y a qu’un chemin, qu’une issue. Elle m’attire, elle me veut. Mon destin est tracé. Je n’ai pas le courage de lutter.

Un pas. Le froid. Partout le froid.
Un pas. Mes bras me frictionnent sans succès.
Un pas. La lumière est devant moi.
Un pas. La lumière est là, si aveuglante dans l’obscurité.

La lumière est là, et j’attends.
J’attends bêtement.
Mes yeux sont plissés, mes membres engourdis, et j’attends.
J’attends bêtement.
Devant cet éclat éthéré, j’attends.
J’attends.
J’attends.

Doucement, lentement, ma main se lève et rentre dans la lumière. Ma prise assurée… d’un mouvement… je ferme le frigo et retourne me coucher.