jeudi 12 septembre 2013

Constat d'échec

Le temps était clément. Pas un souffle ne venait balayer le plateau. Le champ de bataille se baignait d'ombre et de lumière. C'était une belle journée... mais pas pour mourir.

A côté de lui ses camarades d'infortunes attendaient. A gauche comme à droite, leur rang se perdait dans l'horizon. Encore une fois il était en première ligne.
Il ne se souvenait pas de tous les conflits auxquels il avait participé. Combien il en avait perdu. Gagné...
Cela n'avait pas d'importance.
Même pour lui.

Il n'avait pas de nom. Même pas de matricule. Il était un soldat. Un simple soldat. Un pion dans une guerre qui le dépassait. De la chair à canon fait pour être sacrifié.
Après tout... même mort, il reviendrait.
On le faisait revenir tout le temps. Pour une autre guerre. Voire une escarmouche...

Comment ?
Est-ce que cela avait de l'importance après tout ? Non.

Cela ne l'empêchait pas de se battre.
Le soldat ne le voulait pas... mais personne ne lui demandait son avis.
Il suivait les ordres. Aussi suicidaire soient-ils.
Il n'avait pas le choix, dans ce monde noir et blanc, le soldat ne pouvait qu'avancer...
C'était ça ou... « l'autre côté ».

L'autre côté, cette dimension en marge où tu n'étais plus qu'un simple spectateur de l'agonie des tiens. Une zone étrange où se côtoyaient amis et ennemis, le tout au son d'une horloge infernale régissant l'univers.
L'autre côté... il ne voulait plus y penser.

Il voulait rêver.
Arrêter les fous. Abattre des tours. Mettre en échec l'adversaire. Devenir un héros... voilà une plaisante idée. Une belle idée... Une utopie surtout.
Ce genre d'honneurs revenaient aux officiers. Planqués. Massés derrière le premier rang, le poussant à avancer. Ils ne faisaient jamais le premier pas. Jamais.
Eux on ne les sacrifiait pas facilement.
Eux avait droit à la gloire, la légende... Le souffle épique...

Mais pour lui piétaille... rien !
Seulement le combat.

D'ailleurs, pourquoi se battre ? Le soldat ne le savait pas.
Pour un dieu qui joue avec lui ?
Pour un roi qu'il n'a pas choisi ?
Parce que ceux d'en face non pas la même couleur que lui ? Quelle idée.
Franchement... pourquoi se battre ? Personne ne répond. Ses compagnons gardent le silence. Par peur ? Par honte ?

Lui-même ne peut hurler sa rage... sa haine des conflits inutiles.

Aujourd'hui est une belle journée... et il ne veut plus mourir.
Pourtant il avance...










"Destin... j'arrive !!"

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